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  • L'an dernier, j'avais deux classes de 6e avec lesquelles ça se passait super bien et cette année, j'ai retrouvé quelques élèves de ces deux classes... une petite dizaine... Et, parmi eux il y en a 3 que je n'imagine même pas engueuler un jour. Un truc incroyable. Une espèce de confiance implicite. Bon, ce sont des gamins très sympa qui, même l'an dernier n'ont jamais posé le moindre souci... Mais, après tout, ils pourraient changer. L'adolescence est une période tellement fluctuante... D'ailleurs, l'autre jour, une collègue me faisait remarquer que l'un d'entre eux était un peu moins agréable, plus "provocateur", un peu à chercher la p'tite bête... Et, cette idée m'a dérangée. Non, je ne veux pas qu'il change ! Pas lui. Il est établi que j'ai confiance en lui et je ne voudrais pas me tromper. Ça me ferait trop bizarre de devoir crier sur lui ou le punir ! Pourtant, il a le droit de changer... Et je n'ai aucun moyen de contrôler ça... Si ça doit se faire, ça se fera, avec ou sans mon consentement parce que, de toute façon, je ne suis rien pour lui, que sa prof de français qu'il a depuis 2 ans maintenant. L'an prochain, lui et mes autres "chouchous" (rassurez-vous, ils ne savent pas qu'ils sont mes chouchous et les autres non plus !) iront en classe supérieure et si ça se trouve, ils ne me diront plus bonjour, comme c'est le cas en général... Et je les oublierai peu à peu, regrettant sans doute ces deux classes de l'an dernier que j'avais un peu idéalisées.

     

    C'est surprenant ce qu'on peut vivre dans une classe, face à 25 ou 30 personnes. Les premiers jours sont souvent trompeurs. On s'observe, on se jauge. Les premières impressions ne sont pas forcément les bonnes. C'est fou comment une classe peut évoluer dans un sens ou un autre... C'est presque mystérieux. Et, notre relation à une classe évolue aussi. L'an dernier, mes 6e préférés, je ne les ai pas appréciés tout de suite... ça s'est fait petit à petit. Mais, quand même, rapidement, j'ai vu, chose inhabituelle et rarissime, que c'était en classe en qui je pouvais avoir confiance... Oui, je pouvais m'occuper de l'un d'entre eux pendant de longues minutes et il ne se passait rien de spécial : pas de cris, pas de trucs jetés en l'air ou par terre, pas d'insultes... Des discussions calmes, c'est tout. On pouvait discuter... On pouvait rire et, là aussi, chose rare avec les petits (les 6e sont encore petits quand même),  quelques minutes après un fou rire, on reprenait le cours sérieusement...

     

    Le dernier jour de l'année, j'ai passé tout l'après-midi avec eux, seule ou accompagnée de collègues volontaires, et on s'est amusés, tous... les élèves comme les adultes. Tout s'est déroulé dans le calme et la bonne humeur et même leur dernière heure durant laquelle on les a vraiment laissés libres de tout (ou presque), ça s'est super bien passé... C'était la première fois de ma carrière que je n'avais pas envie de quitter une classe. Et, à la rentrée, j'aurais aimé la reconstituer... certains d'entre eux aussi d'ailleurs ce qui tendrait à prouver qu'ils aimaient aussi cette ambiance. On ne le fait pas, ou rarement, dans des cas très précis parce qu'on a souvent besoin de mélanger les groupes pour plus d'efficacité ou moins de mauvais copinage. Peut-être que ça aurait été un échec et même une déception, allez savoir...

     

    Cette année, mes 4 classes sont bien. je m'y plais... avec des hauts et des bas, évidemment. Mais, je râle peu... d'ailleurs, je râle de moins en moins parce que ça ne sert à rien... Je crois qu'ils comprennent bien mieux les silences et les regards... Je sens la fin de l'année scolaire approcher à grands pas et je me dis que je vais encore regretter du monde... Et puis, deux ans de rang où ça se passe bien, c'est louche, c'est presque trop beau... Enfin, en attendant, je profite et même si de me demande si je suis encore capable de faire quelque chose de bon dans ce boulot, je profite de ces classes où ça va bien.

     

    Comme quoi, le prof n'est pas toujours l'ennemi public numéro 1, l'homme (ou la femme) à abattre... Les gens ne savent pas vraiment ce qui peut se passer dans une classe parce que c'est très complexe, quand on y réfléchit... Beaucoup plus complexe que l'image caricaturale qui circule volontiers du bon prof ou du mauvais prof... ça ne veut pas dire grand chose. On est parfois bons, parfois mauvais... comme les élèves... mais c'est pas ça qui compte au final...C'est tout le reste, toutes les choses invisibles qui font que je ne me vois pas en train d'engueuler mes petits "chouchous" de l'an dernier.


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  • Pour ma 2e participation à la communauté de Pascal et Claire, une question globale que je me pose... Et si Mylène y répondait...

     

     


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