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Résultats d'examens.
Les résultats du brevet sont tombés. Je suis contente de voir que deux ou trois élèves méritants l'ont finalement eu... même si je suis bien consciente de la réelle valeur de ce mini-examen. Pour ces élèves-là, les sympa méritants, c'est important quand même. Dans ma classe de 3e, presque tous les élèves l'ont obtenu. La plupart avec une mention. Et d'ailleurs, la miss dont la mère m'a pris la tête pendant plus d'une heure parce qu'à cause de moi sa fille, qui visait la mention TB depuis la 6e aurait, au mieux une mention AB, a finalement eu - je vous l'donne en mille - une mention TB. Comme quoi, mes notes injustes et inadmissibles n'ont pas pesé si lourd sur son brevet. Pas plus qu'elles ne pèseront sur sa vie comme je le lui avais rappelé...
Cette dame semblait découvrir un concept qui, pourtant, est très utile, sinon essentiel ! Elle m'expliquait que sa fille chérie désirait devenir journaliste, qu'elle écrivait des nouvelles et que moi, j'avais osé lui mettre deux notes en dessous de la moyenne. Elle me rappelait que je devais valoriser les bons élèves comme sa fille, ne pas les décourager parce que là, par ma très grande faute, la demoiselle doutait de son avenir, de ses capacités, bref de son talent dont elle n'avait, semble-t-il, jamais douté avant. La mère, avec un sourire digne des dents de la mer, m'expliquait comment faire mon job... et à un moment, je lui ai demandé si dans 10 ans, lorsque sa fille serait devenue journaliste, elle se souviendrait encore de ce 7/15 que j'avais osé lui mettre en avril 2015. Silence interloqué. Touché. La mère me répond finalement :"Oui mais à 14 ans, on n'a pas ce recul-là.... et même en tant qu'adulte non plus !". Eh ben oui madame, c'est bien le problème ! Si toi tu n'as pas le recul pour expliquer à ta fille que ce n'est pas grave, si toi tu viens faire chier le prof juste pour une note et que tu as du temps à perdre juste pour une note, forcément, ta gamine, elle ne comprendra jamais qu'une note n'est qu'une note et qu'il y a des choses bien plus importantes dans la vie !
Alors, vous me direz que je n'avais peut-être pas ce recul moi-même à 14 ans. Et je vous répondrai que je n'étais certainement pas capable de le formuler comme ça mais que j'avais conscience qu'il y avait des choses plus graves qu'une note. Je ne dis pas que je m'en fichais de mes notes, bien au contraire... mais, une mauvaise note de temps en temps faisait partie du jeu. Je savais que ça pouvait arriver et ça m'arrivait, évidemment. J'avais d'autres soucis à gérer et mes notes étaient importantes pour garder la tête hors de l'eau... Pourtant, je n'aurais pas pété un scandale pour une mauvaise note. Et puis surtout ma mère n'aurait pas été voir un prof pour une mauvaise note ou deux. Et puis, elle ne serait pas arrivée en disant :"Ma fille veut devenir écrivain et à cause de la sale note que vous lui avez mise en rédaction, elle doute, elle ne sait plus où elle en est et elle se voit désormais comme une nullité qui ne fera jamais rien de sa vie !". Non. Ma mère m'aurait dit, avec toute sa sagesse : "Tu feras mieux la prochaine fois."...
Je crois que j'ai hérité de cette sagesse et c'est un don précieux !
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Commentaires
3AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 14:05J'avoue que j'ai du mal...
Et que je trouve de plus en plus insupportables ces jérémiades sur le mode "Les enfants ne connaissent qu'ennui, souffrance et humiliation à l'école." On en a déjà parlé ici même. Si on regarde ce qui se passe dans bon nombre de pays, (mais pas en Finlande, plus au sud), ça devient indécent.
Après, si les gens préfèrent écouter ça au lieu de réfléchir à la logique économique qui se trouve derrière, on ne pourra pas faire grand chose. Ça commence pourtant à devenir évident, même vu de l'extérieur.
Les parents agissent ainsi parce qu'on leur a permis de le faire en les impliquant de plus en plus dans les établissements scolaires... sous-entendant par là même qu'ils avaient le droit de vérifier le travail des profs et, surtout, leurs méfaits sur leur progéniture.
5AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 15:27Ainsi que leur attitude en conseil en classe. On a eu droit à des réprimandes en réunion de fin d'année, de la part de la direction, "parce que des parents sont surpris et mécontents", pour résumer. Pas plus d'explications. Et paf sur le nez des bonnes pommes qui font leur boulot en allant en conseil de classe.
On est sûrement l'un des rares professionnels à être perpétuellement jugés en direct sur tout par tout le monde, légitime ou pas... et sans réaction en plus... du coup, on donne vraiment l'image de punching-balls sur qui on peut s'acharner sans trop gros risque...
7AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 16:02Effectivement, et c'est d'autant plus difficile de réagir que, même à l'échelle d'un établissement, on garantit l'anonymat aux personnes qui se plaignent. Ceci parce que bien sûr, on va cruellement se venger sur l'enfant si une remarque de ses parents nous déplaît. Comme si on ne pouvait pas simplement discuter entre adultes...
Mais même quand les reproches sont faits en direct, nous ne sommes pas nombreux à réagir en envoyant bouler le parent qui vient cracher son venin... Nous encaissons puis nous ruminons et parfois nous finissons par penser qu'ils ont raison les gens...
9AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 16:16Voilà... comme lorsque nous étions à l'école et que nous n'osions rien répondre au prof même quand il était injuste.
11AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 17:51En tout cas, l'occasion nous sera bientôt donnée de faire quelques progrès en matière de "résistance". Reste un an pour s'y préparer.
La résistance aurait été plus efficace si tous nos collègues avaient pris la peine de se renseigner sur ce qui les attend.
13AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 18:26C'est certain mais je pense qu'en l'état actuel des choses, il faut essayer de faire les bons choix en "profitant" de l'ignorance du plus grand nombre. Ça peut paraître cynique mais personnellement, j'en ai déjà assez de voir des sourires en coin et des haussements d'épaules quand on se risque à en parler. Et puis l'info n'est pas secrète...
C'est sûr... Il faut simplement vouloir s'informer. Mais, j'imagine que certains vont déchanter rapidement (surtout chez toi ! )
15AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 18:39Oui pourtant, le chef a pris le temps pour expliquer un peu la réforme la semaine dernière mais bon, comme d'habitude, beaucoup semblent penser "Ce sera pour les autres matières, établissements... Moi, je vais continuer comme avant parce que je ne suis pas (in)formé." Comme pour l'Histoire des Arts, au début.
17AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 19:45Dans la mesure du possible, et en connaissance de cause... pour pouvoir argumenter, notamment en ce qui concerne les horaires de chaque matière.
Les horaires, on n'y pourra pas grand chose, comme d'habitude... On devra faire mieux avec moins.
19AgrumMercredi 8 Juillet 2015 à 20:42Oui, c'est tout un concept. Et essayer de faire quelque chose d'intelligent en interdisciplinaire, tout en intégrant les nouveaux programmes. C'est ça le plus compliqué, a priori.
Oui... quand je pense aux galères qu'étaient les IDD... devoir collaborer avec des gens qui n'en ont pas vraiment envie ou avec qui on ne s'entend pas parce que ceux avec qui on s'entend sont déjà pris ou dans la même matière donc pas interdisciplinaire... ça me décourage d'avance.
Bonsoir Béatrice,
Il y a une chose contradictoire quand même. Tu dis : ce n'est qu'une note.
Mais une note n'est-elle pas donnée pour apprécier le travail d'un élève ? Si elle n'a eut que 7 sur 20, c'est que son travail n'était pas bien fait ? Tu as donc noter son travail qui n'était pas, à ton point de vue de professeur, à sa valeur ?
Si, la demoiselle risque d'être marquée, à mon avis. Moi j'ai été marqué par les notes. Cela prouve que je prenais en compte l'avis de mes profs. Et ma mère n'est jamais allé se plaindre. Si j'avais de mauvaise notre, ce n'est pas mon prof qui se faisait disputé, mais moi. Les choses ont bien changés.
Alors la demoiselle devrait plutôt accepter sa note. Elle veut devenir journaliste ? Et bien qu'elle soit bonne ne français, conjugaison, expression écrite et orale, construction de texte. J'ai appris tout ça et j'étais un cancre (plutôt un élève qui avait des difficultés mais qui n'osait l'avouer).
Je n'ai jamais haï ma prof de français pour ça. Au contraire, je l'aimais bien et elle aussi, je crois.
C'est ce qu'elle m'a dit quand nous avons travailler ensemble, en tout cas.
Bref, la demoiselle n'a qu'à bosser si elle veut devenir journaliste. Il ne faut pas qu'elle pense que la presse va venir la chercher. Moi, je lui dirais ça. Seulement moi, je ne suis pas prof. Je suis chômeur... Et tu sais pourquoi je lui dirais ça à la demoiselle ? Ben justement pour ce que je viens d'écrire avant.
La vie n'est pas facile. Et si on veut faire un job faut être bon dans ça.
J'ai tenu un blog pendant presque 10 ans sans avoir fait d'études supérieures. Je pense l'avoir fait plutôt bien. Alors donne mon com' à la demoiselle.
Je lui dirais qu'elle doit faire de son mieux. Pas à peut prêt bien. Non, toujours de son mieux. Et si elle se trompe, qu'elle recommence. Car il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompe jamais.
Et toi, tu es là pour la guider la demoiselle. Elle râle ? Et alors ? Si la prochaine fois elle veut 18 ou 20, elle devra y mettre toute sa volonté. Elle écrit ? Et bien, elle devrait faire moins de fautes. Même si j'en fait aussi. Et voilà, la demoiselle.
Enfin si tu lui montre ce texte, je lui dirais que je ne la rabaisse pas. Ho non. Moi aussi j'ai eu des tonnes de mauvaises notes. Mais j'ai toujours écrit mes petites histoires. Moi je sais m'exprimer en public. Moi je sais exprimer mes idées en assez bon français. Et elle aussi saura faire aussi bien que moi, sinon mieux que moi, si elle le désire vraiment.
Voilà. C'était ma contribution.Toi, tu dois faire ton job. Et parfois tu dois te montrer sévère. Si l'année prochaine, la demoiselle ne s'améliore pas, elle aura encore un 7. Jusqu'à ce qu'elle te pose des questions et qu'elle s'améliore dans ses études. Et même si elle veut réussir elle s'améliora. Sinon, ben elle ne sera pas journaliste.
Toi, tu es là pour l'aider. Et si demain tu lui donnes 10 alors qu'elle mérite 2, ça l'aidera pas.Des bises
ps :
J'ai corrigé mes fautes de conjugaison et de syntaxe. Je suis certain qu'il y en a encore des dizaines. Voilà, c'est ça être responsable. C'est être critique envers soi-même. Tu peux lui donner ça aussi à la demoiselle future journaliste. :)
Heu... je ne suis plus certain que syntaxe se dit... Bon, le cancre n'est pas mort. Ouf. Les cancres sont souvent talentueux.
Tes conseils sont judicieux Karleman. Mais les enfants, et les parents d'aujourd'hui ne sont plus prêts à faire confiance à la note du professeur qui est en général soupçonné d'incompétence ou de désir de "faire mal" aux élèves volontairement. S'ils pouvaient savoir le plaisir que ça nous fait lorsqu'un élève réussit une question difficile ou bien une rédaction ! Mais bon... c'est ainsi !
Merci pour ton long commentaire ! et pas de soucis avec la syntaxe, au pire quelques fautes d'accord par ci par là mais rassure-toi, tu as un style tout à fait agréable à lire comme en témoigne ton blog !
Bises
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Avec cette logique-là, nous serions nombreux à ne pas avoir mené des études supérieures à terme ni persisté à passer des concours, même si on ne le fait pas à 14 ans, évidemment. Un 2/20 en dissert n'a rien d'encourageant en soi mais ça donne quand même quelques indications...
Si cette jeune fille s'essaye un jour au journalisme, elle n'a pas fini d'entendre que certains de ses textes sont mauvais, et en des termes moins choisis que les tiens. C'est précisément à cela que ses profs tâchent de la préparer. Pas à entrer dans le pays des Bisounours. Ce devrait être une évidence pour les parents qui ne pourront pas aller se plaindre auprès de l'employeur de leur fille.