• Ça fait trois fois que je téléphone à divers organismes pour obtenir des renseignements ou des confirmations. Ça fait trois fois que je me fais envoyer ch...., qu'on me demande pourquoi j'appelle vraiment, parce qu'apparemment mes motifs ne sont jamais considérés comme valables. Je me demande ce qui se passerait si dans mon métier je me permettais de répondre ainsi aux questions, pourtant parfois bien plus stupides, des parents d'élèves... Mise à pied sans doute. C'est à la mode en ce moment. Alors, je ne sais pas. Il me semble que je suis polie quand j'appelle un service, quel qu'il soit mais, visiblement, de l'autre côté ce n'est plus le cas. On va sans doute me dire que mes interlocuteurs subissent une telle pression que c'est normal qu'ils ne puissent pas rester zen... et je répondrai que dans mon métier, lorsqu'on n'est plus assez zen à cause de la pression, ce n'est jamais pardonné parce qu'un prof doit laisser ses problèmes à la porte de son bahut. Visiblement, ce n'est pas le cas pour d'autres professions... simple constat... 


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  • découragementIl n'y a pas encore si longtemps, lorsqu'on rendait un travail à un prof, on se devait de le soigner un minimum. Bien sûr, il y a ceux qui écrivent mal, quoiqu'ils fassent... mais disons qu'ils faisaient un effort parce que c'était rendu. Au moins, une présentation digne de ce nom. Et puis si on disait de souligner, c'était souligné et pas autre chose. 

    Ce matin, j'ai récupéré des torchons. De mon temps, le prof aurait fichu ça à la poubelle direct, sans autre forme de procès. Et là, les gamins semblaient trouver ça normal. Du surligneur partout (quand on n'a pas de règle, on surligne, ça va plus vite), des morceaux de feuilles déchirés à la va-vite, des ratures innommables, des gros pâtés, une écriture qui ne tient même plus du hiéroglyphe... je ne vous parle pas de l'orthographe (la moitié de la note était prévue pour ça, en plus ! ) et tout ça pour un travail qui était à réaliser depuis plus d'une semaine...Je pense qu'un jour, je vais récupérer des rédactions sur du PQ... Après tout, hein, c'est qu'une prof, on va pas gaspiller du papier pour elle... Y'a des jours, franchement...

    Alors quand j'entends des collègues encore et toujours volontaires pour que les profs de français fassent ceci, corrigent cela, organisent tel ou tel projet... je me dis que j'ai vraiment, vraiment choisi la matière la plus merdique du monde.  


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  • Un enseignant est-il capable d'aborder tous les sujets ? De gérer tous les problèmes ? D'expliquer tout ce qui se passe dans l'école et hors des murs ? De faire face à toutes les situations ? De comprendre tout ce qui se passe ? De tout analyser ? De prendre du recul en 5 secondes pour faire un cours parfait derrière ? 

    La réponse est non. 

    Le 8 janvier, j'étais incapable de parler des attentats, incapable de préparer un cours, incapable d'entendre les avis des uns et des autres, incapable d'avoir le recul nécessaire pour évoquer sereinement ce qui venait de se passer. J'en parlerai. Un jour. Quand j'en aurai envie. Pas parce qu'on me dit qu'en tant que prof je DOIS le faire. Le faire pour le faire mal ? Pour me faire mal ? Pour me faire démolir si je dérape parce que je ne maîtrise pas le sujet ? Pour être maladroite et donc inefficace voire nuisible ? Pour me ridiculiser ? Juste parce que je suis prof, et en particulier prof de lettres... Oh la la, le prof de lettres qui doit pouvoir parler de tout dans son immense culture. Là, en une seconde, il vous prépare un cours béton sur les tenants et les aboutissants de tout, de rien. Et, avec l'enthousiasme dont on le sait capable, il va se lancer et il va les convaincre, ses élèves ! Et s'il se plante ? Ah, là, fatale erreur ! Sale prof ! Abruti qui ne sait pas de quoi il parle ! Il choque, il dérange, qu'il dégage ! Pour le bien de tous, pour ne pas contrarier ses élèves ni les parents. Je n'ai pas voulu et je ne veux pas être ce prof qui, sous prétexte qu'il a reçu des centaines de dossiers pour faire son cours sur Charlie, va commettre l'erreur qui ne sera pas pardonnée. Parce qu'on ne pardonne pas au prof. 

    Je vois souvent aussi des collègues qui, suite au décès d'un proche d'un élève se mettent en quête de textes, de musiques ou de je ne sais quoi pour "en parler". A-t-on besoin d'en parler ? Est-ce notre rôle ? N'est-ce pas un peu prétentieux et même ridicule de se dire qu'on va jouer un rôle dans un moment aussi grave et intime pour un enfant ? N'est-ce pas outrepasser sa fonction que de penser que notre cours va amoindrir la peine de quelqu'un (qu'on ne connaît pas vraiment, en plus) ? Et puis, avons-nous envie de le faire ? Si on me demande de le faire, je refuse tout net. Je ne pourrai pas parler calmement, sereinement, professionnellement d'un sujet qui me fout moi même en l'air. Comment pourrais-je aller vers un enfant et lui parler de la mort de sa mère par des textes alors que je sais que jamais aucun texte ne me soulagerait si ça arrivait ? 

    Le prof n'est pas -encore- une machine. Je ne peux pas faire sans mes sentiments, sans mes blessures, sans mes terreurs. Je ne peux pas aborder certains sujets avec mes élèves. Et, mon professionnalisme s'arrêtera toujours où mes émotions ne peuvent pas aller. Ce n'est justement peut-être pas professionnel. Je ne sais pas. Peut-être que le bon prof c'est celui qui est capable de parler de tout et de tout expliquer avec le recul et la distance qui s'imposent. Celui qui sait rebondir sur l'actu, toutes les actus, même les pires pour en faire un cours génial dont les enfants sortiront grandis. Je ne suis pas comme ça. Si la vague m'a emportée et à moitié noyée, je ne vais pas être capable de surfer dessus comme si de rien n'était. J'aurais bien aimé être de ces profs géniaux qui savent faire feu de tout bois avec talent... ces sortes de héros de temps modernes que rien n'arrête. Mais ce n'est pas le cas. 

    Et j'ai quand même l'impression que pas mal de gens ont oublié que les profs ne sont pas des machines... à moins que de les voir se débattre dans la fosse aux lions sans aucune protection ne soit tout simplement une distraction comme une autre...  


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  • Trois petites perles rien qu'en une semaine... Mes élèves sont en forme ! (pas comme moi, cette année, je ne résiste pas aux virus divers et variés...)

    n°1 : dans une rédaction ==> Le cheval n'écoutant que son einstein de survie.

    n°2 : pendant un exercice ==> Doit-on dire une "éruption" de boutons ou une "irruption" ? Réponse : une érection. Un peu interloquée, je dis qu'il vaut mieux éviter ce mot. L'élève me dit :"Oh, bah en même temps, j'sais même pas c'que c'est, alors...". Ouf ! On est sauvé, elle ne l'a pas fait exprès et dans la classe, personne ne réagit. Re ouf !

    n°3 : correction d'un exercice ==>trouvez un homophone de Lyon. Réponse : lion, l.i.o.n., la barre de chocolat !!! (élève très fier d'avoir trouvé la bonne réponse !)


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  • arrêter de prendre les cons pour des gensJ'ai beau me dire que parmi tous ceux qui déversent leur bile et crachent leur venin sur les différentes pages du net (au nom de la liberté d'expression, comme c'est ironique), il y en  peu qui seraient assez fous pour passer concrètement aux actes, ça fait peur. La haine est infinie. Les propos sont violents. Les paranos sont apparemment très nombreux. Les fouteurs de merde aussi. Oh, ceux-là sont probablement les moins dangereux. Qu'on leur enlève leur clavier, il n'en restera plus grand chose. Mais cette horde de gens qui trouvent normal de répondre à des dessins par des balles, je trouve ça terrifiant.

    Heureusement, dans les rues il y en a plein qui s'opposent à ça. Ceux qui ont compris que "Je suis Charlie" ne voulait pas dire qu'on adhérait à un journal mais qu'on avait envie de se battre pour qu'un tel journal puisse exister, tout simplement. 

    Internet a donné la parole à tout le monde, à toutes les idées et donc aussi aux pires. L'anonymat (relatif mais suffisant pour certains esprits faibles) a permis l'expression de toute la haine, des pensées les plus ignobles qui finissent, comme tant d'autres choses, par être partagées encore et encore. Finalement, c'est avant qu'on vivait chez les bisounours parce qu'avant, ces horreurs existaient mais on n'en avait pas connaissance, ou très peu. Aujourd'hui, difficile de passer outre. Dès qu'on se rend sur un site d'actualité pour savoir ce qui se passe, on est plongé dans les atrocités concrètes qui se déroulent dans le monde mais aussi dans l'esprit de ces malades qui ne se sentent plus parce qu'ils ont le droit d'étaler leurs mots révoltants et répugnants un peu partout. 

    Sur le net, comme partout, il y a des gens très bien... mais ce qui serait encore mieux ce serait d'inventer le filtre anti-cons, anti-dégénérés, anti-arriérés, anti-sociopathes... En plus, tous répondent à tout, même à ce qu'ils ne comprennent pas, en croyant avoir compris, et tous les textes intelligents, d'appel à la raison et à la réflexion, sont pourris par ces commentaires aussi abjects que stupides. Et c'est affolant de constater qu'il y a tant de monstruosité dans la tête de nos concitoyens.


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