• Bulle de liberté

    L'un des moments les plus "magiques" de ma vie c'est lorsque je prends ma voiture, même pour aller au travail... Rouler est pour moi un incroyable moment de sérénité, de bonheur, d'évasion. Ma voiture se transforme en une bulle de solitude et de liberté totale... La musique à fond, j'avance droit devant, parfois sans savoir où aller. Comme la chanson de Joe Dassin "Partir pour le plaisir de partir", rouler juste pour le plaisir d'avaler des kilomètres, en toute liberté... aucun compte à rendre, se contenter d'admirer un paysage toujours identique mais jamais vraiment pareil selon l'heure du jour ou de la nuit.

    Seule avec moi même, avec mes espoirs, mes rêves, mes souvenirs aussi. Je me laisse envahir par les pensées au point d'en oublier où je suis. La voiture part seule, elle connaît le chemin par coeur et si elle ne le connaît pas, qui sait où elle m'emmènera, dans quel nouvel endroit merveilleux ? Un bord de mer, un paysage de campagne où çà et là paissent paisiblement des chevaux et des vaches, un petit village inconnu mais pittoresque, une grande ville de lumière ? Je suis souvent partie ainsi sans savoir où j'allais et ce sentiment est incroyable... LA LIBERTE ! Je voulais oublier, je voulais m'oublier et seule une longue balade en voiture parvenait à me rendre un semblant de vie que je n'avais plus par ailleurs. Peut-être parce que là, je n'avais plus à faire comme si tout allait bien...  Pleurer sans verser de larmes mais laisser le coeur se déchirer tellement il n'en peut plus de faire semblant de battre. Je me sentais à l'abri, libre de mon destin et de mon chagrin au point même de savoir que le prochain ravin aurait pu m'accueillir... et pourtant, l'idée de découvrir un superbe paysage après le virage ou après la côte me donnaient l'envie de vivre encore...

    Les heures passent, les kilomètres aussi et même si rien ne change, c'est un peu comme une longue sieste, un long sommeil duquel on ressort un peu maladroitement, un peu inconscient, un peu déboussolé... à force de regarder le chagrin en face, on finirait presque par l'apprivoiser... on a même l'impression d'avoir moins mal... et puis les réalités refont surface petit à petit. Les douleurs, les malheurs, les questions, les emmerdes reviennent à la charge et une seule idée obsédante alors : repartir demain, plus loin, toujours plus loin et peut-être, un jour, partir pour de bon, ne pas laisser de trace, ne plus revenir... jamais.

    « Les oubliés de la Saint ValentinDébut de roman (1) »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :