• De soi...


    Avez-vous déjà essayé de regarder un film le nez collé à l'écran de la télé ou bien de décrire un tableau le nez collé dessus ?Impossible de voir les détails. Impossible de faire une description. On a une image floue indéfinie et indéfinissable, quelques vagues couleurs, des formes étranges... Dès qu'on se recule, ça change complètement. On est capable alors de voir les petits détails, de distinguer clairement les couleurs et les formes et d'en faire une description, voire une analyse. On prend conscience de l'image.

    Avec notre vie, c'est pareil quand on y réfléchit. On est trop près de soi pour se voir soi correctement. L'an dernier, j'avais entendu quelqu'un qui disait de façon docte et affirmée que notre meilleur ami c'était nous mêmes parce que personne mieux que nous ne peut savoir les choses que nous ressentons. Certes... et pourtant, sommes-nous toujours notre meilleur conseiller ? Sommes-nous toujours capable d'avoir assez de recul sur nous-mêmes pour analyser de façon précise une situation qui nous concerne ?

    J'ai souvent l'impression d'être trop collée au tableau pour pour faire un état des lieux de ce que je vis. Alors, oui, je ressens des choses, évidemment mais souvent, je ne sais pas pourquoi je les ressens. J'ai simplement une idée du "comment" mais le "pourquoi" reste un mystère. Il faut ou plutôt il faudrait alors que je fasse un effort, que je sorte de moi pour avoir une vision moins faussée de moi-même. C'est d'ailleurs pour ça que les amis ou même les gens qui nous cottoient sont souvent étonnament aptes à mettre le doigts sur quelque chose qui ne va pas chez nous, d'émettre des hypothèses plausibles sur les causes en voyant les conséquences... Alors que nous, le nez collé à nous-mêmes, nous ne voyons que les conséquences, nous nous lamentons éventuellement sur elles mais nous n'avons pas idée d'aller chercher les causes. On se découvre à travers le regard des autres et surtout à travers ce recul qu'ils ont par la force des choses et que nous n'avons pas, par la force des choses aussi... C'est comme s'il fallait un TOI pour comprendre un MOI...

    Difficile en effet de s'extraire de soi pour véritablement se regarder en essayant de se comprendre, de s'analyser. L'introspection est une forme de regard intérieur qui permet parfois de se découvrir mais entrer dans soi tout en restant hors de soi c'est très acrobatique comme démarche. Je crois que j'ai rarement réussi à la faire. Pas les bonnes questions, encore moins les bonnes réponses, ça paraît logique. Je suis même allée voir un psy, pour essayer de prendre ce recul qui me manque cruellement. Ça n'a pas marché. Il m'a laissée parler. Il ne disait rien. Je faisais donc une introspection orale avec MES propres questions auxquelles j'apportais toujours MES propres réponses sans que jamais il n'intervienne pour me poser ses questions et me forcer à sortir de moi. Il disait qu'au bout d'un temps j'y parviendrais seule... Je n'y crois pas. Peut-être que pour certains ça marche, certainement même sinon, ce type de pratiques aurait disparu. Mais, sur moi ça n'a pas fonctionné. Je suis restée en moi, coincée le nez collé aux tableaux plus ou moins réjouissants de ma vie, incapable de comprendre ce que je vivais, ce que je pensais, pourquoi je le pensais...
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  • Commentaires

    1
    Samedi 31 Janvier 2009 à 14:35
    Indigo
    C'est déjà une introspection que tu fais là... un pas  un avant...
    Et puis sache qu'il est connu qu'il faut parfois "faire" deux ou trois psy , avant de trouver celui qui convienne le mieux..

    bisous tout plein !
    2
    Mardi 3 Février 2009 à 15:24
    canelle56
    hummm j'ai l' impression de me revoir .. ou de m'entendre reflechir
    curieuse cette vie ou par moment on a l' impression d'etre devant un mur et qu il ne bougera pas
     j'ai connu ces passages a vide et aujoursdhui en te lisant , et etant moi-meme en phase negative je peux tout comprendre .....  recule ma belle , essaie de penser qu'a toi et non aus autres , qu'est ce qui te ferait plaisir au lieu de  leur faire plaisir .. bises
    3
    Mercredi 4 Février 2009 à 07:17
    pierrot
    les personnes autistes ne fixent pas l'image, mais utilisent souvent leur vision périphérique (trouble neuro visuel ou stratégie d'évitement?) et de temps en temps on peut etre autiste, non?
    4
    Vendredi 6 Février 2009 à 10:38
    Kaly/BlueDelph
    Coucou Béatrice :)

    On m'a souvent dit que j'arrivais à m'analyser parfaitement, et oui j'ai le recul qu'il faut parfois pour ça. Mais il y a des fois ou je ressens des trucs que je ne comprends pas non plus... Peut etre qu'un jour tu trouveras le "toi" qui t'aidera à sortir de "toi" pour te connaitre et te comprendre. Ce n'est pas toujours évident, il faut une énorme confiance en l'autre. Bisous
    5
    Vendredi 6 Février 2009 à 10:52
    Kaly/BlueDelph
    Tiens j'ai trouvé un article sur un autre blog ou je navigue qui fais plus ou moins chorus avec le tien, vas voir dès que tu auras un moment :)

    http://www.jacquelinepeytavi.com/article-10481108.html
    6
    Dimanche 8 Février 2009 à 21:32
    petite noire
    Oui, les autres regardent le même tableau mais voient certaines choses qu'on n'avait pas remarqué... Tel ou tel autre encore ne verra pas la même chose. C'est vrai pour nous-même, c'est vrai pour tout. La personne qui en a su le plus sur moi est celle qui en connaissait le moins sur ma vie privée. Mon prof de danse. Mais j'avoue qu'avec un peu d'introspection, j'arrive à savoir ce que je ressens, parfois pourquoi je le ressens. Sûrement que je ne saurais jamais tout, mais parfois, je remarque que ma colère n'est que de la frustration qui s'exprime dans un éclat de désespoir, que l'attirance que je ressens pour quelqu'un n'est dû qu'à ce qu'il m'apporte et non ce qu'il est, ect... Il est cependant rare que j'y pose des mots. Mais savoir exactement ce que je ressens, sans forcément le décomposer en phrases, mots, caractères, me permet de faire le tri, de ne pas me perdre avec des futilités. Parfois travailler mes cours me sort de mes gonds, puis je me rends compte que le vrai problème, c'est que mon copain me manque. Il arrive que je parvienne à faire le lien avec des choses bien plus enfouies ou plus vieilles, de quand j'étais gamine. Mais quoiqu'il en soit, on ne voit pas tout, et de notre point de vue, comme du point de vue de tel autre, on ne peut rien appréhender dans son entier.

    Mais en cotoyant les autres, on en apprend beaucoup sur soi, de même qu'en se connaissant un peu, on connaît mieux les autres.

    André Breton a dit : "L'amour, c'est rencontrer quelqu'un qui vous donne des nouvelles de vous." Je pense qu'il y a du vrai, mais que n'importe quel autre, n'importe quel TOI, est susceptible de nous en apprendre sur notre MOI, comme tu l'as dis. A moins qu'il parle de l'amour au sens large, mais là, le débat s'agrandit...
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