C'est quand on a l'impression d'avoir tout dit qu'il faudrait commencer à parler. Cette
phrase me vient à l'esprit parce que je trouve que les mots sont souvent insuffisants. En tout cas, ils ne me semblent jamais (ou rarement) aptes à exprimer les choses telles que je les ressens.
C'est fou comme un mot peut sembler "mal choisi" une fois qu'il est prononcé. Mais, il est lâché dans la nature et il fera son chemin dans l'esprit de l'autre, qu'on le veuille ou non, qu'on le
retire ou non. Un mot ne s'efface jamais. Il est, au mieux, remplacé par un autre mais il reste toujours présent en filigrane... trop fort ou trop faible, rarement comme il
faudrait.
J'écris beaucoup et pourtant, je ne suis pas satisfaite de mes mots. Je parle beaucoup aussi
mais je n'ai pas souvent le mot qu'il faut au moment opportun. Quand je me tais, c'est que véritablement les mots ne viennent plus du tout, que je les déteste d'être aussi impuissants et aussi
loin de la vérité du moment... mais, le silence est un mystère pour l'autre aussi. S'il ne comprend pas les mots, comment comprendrait-il des silences ? Le silence est un gouffre sans fond ou un
ciel plein d'espoirs, selon les jours et le contexte mais il est de toute façon laissé à la subjectivité et à l'improvisation.
Il y a plein de trucs que je voudrais dire et que je dis mal lorsque je me risque à
l'exercice. Il y a aussi d'autres trucs que je conserve dans un silence profond parce que, je sais que si c'était prononcé ce serait partiellement abîmé. Qu'ils soient trop longs ou trop courts,
les textes sont imparfaits et souvent malhabiles. Et pourtant, on croit avoir tout dit et parfois même, on s'imagine l'avoir bien dit... or, on est simplement au début de la révélation, dans une
sorte de brouillon balbutiant, maladroit et plus ou moins malhonnête qui porte en lui malgré tout les prémices de ces vérités que nous ne disons finalement jamais vraiment.