• Terrains glissants, dérapages assurés

    J'avais envie d'écrire un article sur les "dérapages" des people ou des politiques parce que, tous les jours, ça dérape, pire qu'en plein hiver lorsqu'il y a des pluies verglaçantes ! Le "dérapage", entendez "parole qui choque, qui va trop loin, qui dérange", est, comme sur le verglas, plus ou moins contrôlé. D'un côté, on a l'impression qu'on n'a plus le droit de parler ouvertement sans "déraper". Mais, je me demande quand même dans quelle mesure tout cela n'est pas parfaitement sous contrôle sachant que toute parole lâchée est désormais analysée puis relayée un peu partout. 

    Qu'une phrase malheureuse échappe à l'oral, admettons. Nous l'avons tous vécu. Nous avons tous, un jour ou l'autre dit un truc qu'il ne fallait pas à la personne qu'il ne fallait pas ou dans les circonstances qu'il ne fallait pas. C'est ce qu'on appelle communément la gaffe. Genre la blague à la con sur un truc sans se douter que celui à qui on la raconte n'aime pas plaisanter sur le sujet. 

    Les personnes publiques ne sont pas à l'abri de ça. Comme elles sont entendues par des millions de gens qui scrutent le moindre mot de travers, ça fait des vagues. Toujours. Des tsunamis même lorsqu'on est en quête perpétuelle de ragots et autres rumeurs bien alléchantes. C'est souvent beaucoup de bruit pour rien ou pour pas grand chose. La tempête dans un verre d'eau pour finalement une montagne qui accouche d'une souris. Parce que la gaffe de l'un chasse la gaffe de l'autre. Les oreilles chastes qui sont choquées de l'un sont le lendemain au coeur de l'ouragan parce qu'elles ont gaffé aussi et ainsi de suite. 

    Lorsqu'il s'agit de réseaux sociaux, à l'écrit donc, j'ai plus de mal à penser que ce sont des gaffes, des mots qui ont échappé. En effet, à l'écrit, on a le temps de la réflexion, le temps de l'écriture, et le temps de l'envoi. Combien de fois il m'est arrivé d'écrire des messages que je n'ai jamais publiés ou envoyés simplement parce que j'ai réfléchi. J'ai envisagé les conséquences. J'ai pensé à ceux que ça pourrait blesser, à ceux que ça pourrait heurter, à ceux qui comprendraient mal... Même des images quelquefois... Je les vois, je les trouve pas mal mais je ne les poste pas parce que je réfléchis d'abord aux conséquences. Par exemple, dans mes contacts FB, il y a des personnes catholiques croyantes (moi, j'ai été élevée dans une atmosphère de religion catholique mais ne crois plus) et parfois je vois des images drôles qui se moquent de la religion. Je pourrais les poster puisqu'elles m'amusent mais, je sais qu'elles choqueraient ou du moins déplairaient fortement à quelques uns de mes contacts. Si demain j'ai envie de provoquer, je peux, au contraire, décider de publier tous ces trucs en sachant que ça ne va pas plaire à tout le monde. Ce sera ma décision. Et si je me prends une volée de bois vert, vais-je jouer la carte du dérapage ? "Oups, pas fait exprès... pensais pas, savais pas, aurais pas cru..." ??? 

    Tout ça pour dire que je pense, mais ça n'engage que moi, que la plupart des "dérapages" dont on nous rebat les oreilles depuis quelques mois sont des dérapages tout à fait contrôlés et volontaires. On sait qu'en écrivant ou en publiant un truc on va provoquer des réactions en série et on va faire parler de soi. C'est évident puisque ça marche à tous les coups ! Admettons que je sois une célébrité en mal de buzz ou droguée au buzz (c'est à dire qu'on parle déjà énormément beaucoup de moi et que j'adore ça) ou en manque parce qu'on a parlé beaucoup de moi un moment mais on a arrêté... quelle solution de facilité s'offre à moi ? Je repère le débat du moment, le truc bien chaud-bouillant qui énerve tout le monde, qui provoque des réactions passionnées et je me trouve une petite phrase choc ou une p'tite image choc qui va dans un sens ou dans un autre, selon mon envie de provoquer et hop... je poste...

    Boum badaboum les réactions s'enchaînent en un clin d'oeil et j'ai gagné !!! On parle de moi... Les uns m'admirent et m’encensent (oh, ça fait bizarre ce mot écrit comme ça...), les autres me conspuent, hurlent au scandale, réclament ma tête et se mettent à me calomnier pour me montrer à quel point je suis mauvaise, minable, odieuse, diabolique... et j'en passe. Peut-être aurais-je la chance de recevoir des menaces de mort - parce que ça aussi ça part vite de nos jours - et là, hop rebuzz "Oui, vous vous rendez-compte, on a essayé de me tuer..." Drame sur fond de polémique et le tour est encore mieux joué. 

    Voilà... je me demande donc dans quelle mesure les si nombreux dérapages ne sont pas simplement des coups médiatiques, pas forcément de bon goût mais il faut ce qu'il faut, hein... parce que trop c'est trop au bout d'un moment... et c'est presque la course à celui qui dérapera le mieux et le plus loin. 

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 1er Novembre 2013 à 17:04

    Bon texte, bien écrit, si je puis me permettre.... le buzz, c'est comme le nutella, on s'en met plein la lampe, et après on vomit. 

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    2
    Vendredi 1er Novembre 2013 à 17:30

    Exactement ! Et là, ça devient de la boulimie !

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