• Si je pouvais vous dire mes angoisses et mes peurs,

    Je prendrais tous mes mots et je les choisirais

    Pour ne pas vous choquer mais pour vous faire comprendre

    Je crierais mes douleurs

    Et je les chasserais

    Juste pour m'en défendre

    Si je me racontais

    Loin de tout artifice

    J'attraperais mes vérités

    Et peut-être même mes vices

    Je les exposerais, non pour les admirer

    Mais pour m'en délivrer

    Un peu.

    J'exploserais mon âme pour tout recommencer

    Brûlerais mes terreurs pour enfin exister

    Décharger ce fardeau dont je suis accablée

    Balancer les fléaux que je me suis créés

    Et puis, je pleurerais dans vos bras bienfaisants

    Sans honte, sans crainte et sans ressentiment

    Vous essaieriez d'en rire

    Parce que c'est un peu drôle

    D'être ainsi enfermée dans un si mauvais rôle.

    Vous me consoleriez car je suis une enfant

    Paumée dans la forêt attendant ses parents.

    Mais ça ne se fait pas

    On n'est pas là pour ça

    Surtout quand on est grand.


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  • On avait dit que les plumes d'Asphodèle revenaient aux vacances et elles sont revenues, pour mon plus grand plaisir ! Le thème : la solitude. 

    Voici les 22 mots qui étaient imposés :

    angoisse, silence, assourdissant, rue, paix, musique, exister, ténèbres, se ressourcer, naviguer, espace, bienfaisant, errance, vide, partager, austral, assis, ambivalent, manque,  obsidienne, orage, onde.

     Et mon texte :

         « Ah les amis, j'vous jure, l'été austral, il n'y a que ça de vrai pour se ressourcer ! ».

     Assise avec ses amies, elle raconte ses vacances. Elle a pris un bateau et a navigué jusqu'à son havre de paix. Elle leur explique à quel point c'était bienfaisant sauf un jour d'orage où elle a eu très peur.

         Derrière elles, il y a la rue et son vacarme assourdissant mais je les entends quand même. Un peu plus loin, un autre groupe que je connais bien aussi. Nous fréquentons les mêmes cours depuis plusieurs mois. Je les ai toujours trouvés fort sympathiques. De loin. Ils parlent musique. Chacun raconte ses expériences, explique ses goûts. C'est intéressant.

         D'autres étudiants, derrière moi. Ceux-là parlent pierres et minéraux. L'une des filles semble s'y connaître et elle croit aux pouvoirs de l'obsidienne. Et moi, j'écoute en silence perdue et invisible dans mon espace qui ne rejoint jamais le leur. Ce n'est pas qu'ils m'évitent ou qu'ils ne m'aiment pas. Ils ne me voient pas. Je n'existe pas. Pourtant, quelquefois, au hasard d'une conversation, je m'aperçois que nous partageons pas mal de choses.

         Mes ténèbres s'opposent à leur lumière depuis toujours. J'aimerais oser aller vers eux et leur parler mais ils fuient instinctivement mes ondes négatives. Apparemment. C'est ce que je me dis pour calmer mes angoisses et justifier leur indifférence. Dans un sens, je préfère cela à l'attitude ambivalente que j'ai déjà dû supporter, celle où l'on te fait croire que tu fais partie du groupe pour mieux te rejeter, avec perte et fracas. Dans ces cas-là, je me suis sentie plus vide que jamais. Inutile. Insignifiante. Ici au moins c'est clair. Je les écoute et fais semblant d'être avec eux. Je suis en manque d'eux, en manque de contacts, en manque d'amis, en manque d'amour aussi. Pourtant, il me faudra me contenter de ces conversations volées pour continuer à m'imaginer que je vis un peu, à travers eux.  


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  •  

     

    L'écriture pour survivre et encore y croire

    Même si les mots sont dérisoires 

    Écrire pour s'évader, s'isoler, se tuer

    Écrire pour ne plus être ce que l'on a été

    Phrase elliptique ou long discours

    Écrire pour oublier qu'on court

    Après une chimère

    Se laisser prendre dans les bras des mots

    Comme dans ceux d'une mère

    S'imaginer un peu moins sot

    Et jeter son chagrin

    Comme on crache un venin

    Balancer sa détresse du haut d'un pont

    En alignant ces quelques lettres

    Pour se sentir un peu moins con

    Et pouvoir s'oublier, peut-être.

     


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  • Voici les mots de cette semaine pour nos Plumes qui nous ont fait visiter le vaste Monde :

    Gens, survivre, univers, découverte, terre, partage, bonheur, macrocéphale, cultures, tour, astral, grandeur, mer, extraterrestre, envahisseur, animal, mappemonde,  journal, pluriel, couleur, parallèle, fin, guerre, nymphe, néant, négliger.

    Et voici mon texte :

    La découverte d'un nouvel univers est une expérience passionnante mais dangereuse. Après s'être équipé au mieux sans négliger le moindre détail, Dante jeta un dernier coup d'oeil à la mappemonde et pointa du doigt sa future destination. Difficile de savoir ce qui l'attendait sur cette terre encore inexplorée. Le bonheur ? Probablement pas. Cela faisait bien longtemps qu'il y avait renoncé, aidé en cela par une jeune fille au corps de nymphe qui n'avait pas hésité un instant à le trahir après avoir partagé avec lui d'intenses moments de complicité. Il n'espérait plus grand chose et seules ses aventures comptaient à ses yeux. S'il tombait en plein milieu d'une guerre, il pourrait tester les armes auxquelles il était désormais fort bien entraîné. Protéger les gens, telle était sa destinée. Le voyage fut particulièrement long. Dante voguait sur les mers aussi léger et rapide qu'un oiseau mais cette fois la destination était vraiment très lointaine. Il n'en voyait pas la fin.

     

    Lorsqu'il accosta, il se dit qu'il ne serait certainement pas simple de survivre dans un environnement aussi hostile . Il se sentait un peu comme un envahisseur astral, un extraterrestre découvrant une planète inconnue. Il repéra rapidement une carte qui lui permit de se rendre compte de la grandeur de son champ d'action. Il aperçut ensuite une tour aux couleurs surprenantes et comprit que sa mission commençait là. Un gardien macrocéphale qui tenait à la fois de l'animal et de l'humain lui demanda le mot de passe. « Pluriel » répondit Dante. Le monstre se recula pour laisser passer notre héros. C'était sans doute à cela que ressemblait le néant : un monde sans culture où chacun se laisse aller à ses pires pulsions. Il se dit qu'après tout, ce n'était pas si éloigné de son propre univers et loin de les opposer, il put faire plusieurs parallèles : la violence, la trahison, le sang, la haine, la misère, bref, tous les aspects les moins reluisants de l'humanité étaient réunis ici. Dante se plaça dans un recoin étonnamment très éclairé où il ramassa un journal qui se trouvait par terre. « Bon, sauvegarde effectuée, la suite demain... Ce jeu est vraiment incroyable !»

     

     

     


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  • Les plumes 13 : dériveCette semaine, pour les Plumes d'Asphodèle, il fallait partir à la dérive. Quoi de plus facile pour la p'tite Bretonne que je suis que de larguer les voiles et de mettre les amarres... ou le contraire, enfin de prendre la mer, quoi. Les mots obligatoires étaient les suivants :

    espérer, flotter, perdition, cap, sillage, bouteille, iceberg, vent, déambuler, bateau, continent, flots, amiral, génétique, sentiment, débarquer, faille et myrte, malhabile, muraille.

     

    Voici mon texte qui relate une expérience assez... enfin, vous verrez... :

    On ne peut pas tout contrôler aussi efficacement qu'un amiral commandant ses navires sur les flots. Il arrive qu'on perde le cap. Le cap de notre vie. Je me revois encore déambulant dans les rues en ce soir de juillet. En perdition. Le mot n'est pas trop fort. Je marchais d'un pas malhabile au milieu des passants joyeux. Ils hurlaient, une bouteille à la main, saluant certainement la victoire. Je ne pouvais pas les comprendre  puisque je n'avais plus rien à espérer de la vie. Je venais de perdre l'homme que j'aimais. Il avait choisi une autre fille qu'il venait de me présenter. Il m'avait demandé de l'accepter.

    Jamais je n'avais ressenti un tel malaise, une telle douleur, presque physique. Et là, dehors, ces gens qui exultaient. J'avais l'impression qu'une muraille se dressait entre eux et moi. Je ne faisais pas partie de leur monde. J'étais devenue une étrangère pour celui que j'aimais et j'étais étrangère aussi à cet événement que l'on fêtait. Des passants avaient bien essayé de m'entraîner dans leur sillage festif mais en vain. Je flottais au-dessus de leur joie comme on survole un continent en montgolfière, lentement, silencieusement mais loin, très loin.

    Parmi eux, qui aurait pu comprendre mes sentiments ? Personne. Le décalage était gigantesque entre mon état d'esprit et le leur. J'avais envie de leur demander de respecter mon chagrin, d'arrêter de se réjouir, comme ça, de façon si impudique. Mon désespoir était comme débarqué là, gisant en plein milieu de leur bonheur que rien, pas même mes larmes, ne pouvait altérer. Ils dansaient partout autour de moi et je souffrais, perdue au milieu d'eux. Mon existence venait de se briser contre un iceberg. Je me sentais sombrer. Dans mon coeur, une faille s'était ouverte.

    C'est à peine si j'avais eu vent de l'exploit sportif réalisé ce jour-là mais, sur la route qui me ramenait chez moi et que je devais parcourir à pied, à chaque coin de rue, à chaque fenêtre, à chaque entrée d'immeuble, il y avait un supporter heureux, plus fier d'être français en ce soir de juillet que n'importe quel soir de n'importe quelle année. Ils célébraient leurs champions. Ils en étaient presque à les couronner de feuilles de myrte comme s'ils étaient sortis de la cuisse de Jupiter. C'était presque comme si d'un coup, le football était devenu une partie du capital génétique de tout le monde. Tout le monde sauf moi qui vivais la pire soirée de ma vie. En arrivant sur le pont, toujours envahie par les clameurs de la foule, une tentation me passa par la tête. Et si je sautais, là, maintenant... La liesse populaire de ce 12 juillet m'était devenue intolérable. L'acide de chacun de leurs cris de joie brûlait un peu plus ma plaie béante. Il fallait que cela cesse, d'une façon ou d'une autre. Peut-être même la plus définitive. Mais, pour beaucoup de raisons, malgré tout, je devais poursuivre cette existence qui me semblait pourtant dénuée de sens désormais. Je choisis donc  de reprendre ma route, de marcher plus vite que jamais, pour ne plus les entendre et me mettre à l'abri, le cœur à la dérive pour très longtemps.

     

     


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