• Il est de ces parenthèses

    Qui ne devraient se refermer.

    Fenêtres ouvertes sur la vie,

    Sur l'avenir, des éclaircies,

    Autant d'étincelles d'espoir

    Que de sourires insoupçonnés.

    Ce sont des instants précieux

    Auxquels on finit par croire.

    Il ne faudrait pas se complaire

    Dans ces moments si délicieux

    Car ils ne sont qu'éphémères.

    Et si la tentation est forte

    C'est juste que de temps en temps,

    On a besoin de quelque chose,

    N'importe quoi, en overdose.

    Cette impression d'être important,

    Cette illusion d'être une sorte

    De héros, détenteur de toutes les chances.

    Mais, elle se clot, la parenthèse.

    Elle disparaît dans le silence.

    Elle se referme sans un mot.

     

     

     

     


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  • Pour la première fois, je tente un petit texte pour l'atelier d'écriture, Les Plumes sur le blog d'Asphodèle. Le thème de cette semaine c'était le MYSTERE. Quant aux mots imposés, les voici : silence, secret, regard, brume, cacher, dessert, chambre, hibou, résoudre, gomme, oeuf, intrigue, divin, oppressant, baigner, ésotérique, magie  et : luire, langueur, lanterne.

    Voici donc ma participation, modeste mais j'espère qu'elle vous plaira. 

    Mystère nocturne

    Cela faisait quelques heures que cette langueur désagréable s'était emparée de moi. Juste après le dessert en fait. Oh, il n'avait rien de si particulier, un flan aux œufs tout ce qu'il y a de plus banal mais, tel une petite madeleine, il m'avait envahi de souvenirs oppressants. On ne gomme jamais tout à fait nos peurs d'enfant, je crois et le flan de ce soir m'en avait renvoyé une, l'une des plus troublantes de ma jeune existence.

     

    Vers l'âge de 12 ans, j'avais cru vivre quelque chose de tout à fait extraordinaire un soir où ma mère avait préparé l'un de ces flans divins dont elle avait le secret . A vrai dire, à l'époque, je mangeais peu. J'étais souvent souffrant, pris d'étranges fièvres qui me laissaient chaque fois très affaibli. Pour me faire plaisir, et me forcer à manger un peu, maman m'avait donc préparé mon dessert préféré et je l'avais apprécié à sa juste valeur malgré mon état de fatigue. Nous devions attendre mon père mais, comme il semblait très en retard, nous étions passés à table. A la fin du repas, me voyant de nouveau si épuisé, ma mère me reconduisit dans ma chambre. A cette heure du soir, la pièce était toujours baignée d'une lueur rougeâtre que j'aimais beaucoup. C'était l'heure où le silence devenait roi, troublé simplement par les cris du hibou qui avait pris ses quartiers dans l'arbre d'en face.

     

    Je m'allongeai sur mon lit et commençai à m'enfoncer dans le sommeil lorsqu'un bruit me fit sursauter. Je détestais ça : être réveillé à cet instant où l'on se sent partir avec bonheur dans le monde des rêves. Mon cœur battait la chamade. Le bruit venait de l'extérieur, j'en étais certain ! Et, à cette heure-là, normalement, dans mon jardin, il n'y avait pas de bruit... sauf le hibou déjà évoqué. Je me levai péniblement et m'approchai de la fenêtre. Une petite brume de beau temps était tombée sur le jardin. « Demain, il y aura du soleil » me dis-je, ravi d'avance de profiter à nouveau de sa chaleur et de ses couleurs si belles lorsqu'il se couche.

     

     Le bruit qui m'avait éveillé ne ressemblait à aucun bruit familier aussi je guettais avec une extrême concentration la moindre petite chose bizarre. Car, j'en aurais mis ma main à couper : ce bruit n'était pas normal ! Pendant de longues minutes, rien ne se produisit. Je sentais par moments mon regard se perdre dans les entrailles de la nuit et mon esprit déjà vagabondait vers les rêves desquels je venais d'être brutalement arraché.

     

    Soudain, je fus tiré de ma torpeur par un autre son, plus sourd et moins lointain. J'aperçus au milieu du jardin une forme qui semblait tenir une lanterne. C'est elle que je voyais luire et je distinguais à peine ce qu'il y avait autour. Effrayé, je songeai à me cacher sous mon lit ou dans un placard mais, déjà à l'époque, j'avais vu quelques films assez angoissants et j'avais retenu que dans une situation comme celle que je vivais, il fallait éviter le dessous des lits et les placards.

    N'écoutant que le courage qui semblait m'être tombé dessus comme par magie, j'ouvris la fenêtre et criai : « Qui que vous soyez, je vous ordonne de quitter notre propriété». Puis je refermai ma fenêtre, tremblant. Bien sûr, je continuai de scruter l'obscurité, priant pour que mes menaces aient été prises au sérieux. A douze ans, on ne doute de rien !

     

    J'attendis un long moment puis, ne voyant plus rien et n'entendant plus rien non plus, je retournai me coucher, fier de ma prouesse, inutile de le préciser... Mais ma fierté s'envola en éclats lorsque des pas se firent entendre juste derrière ma porte. Je m'enfonçai la tête sous la couette (comme si cela allait écarter le danger) et je fis en sorte de rester le plus immobile possible. On cherchait à ouvrir ma porte ! J'imaginais déjà l'homme à la lanterne se précipiter sur moi et m'étrangler d'un coup d'une main aussi gigantesque que robuste... Mais, au lieu de cela, lorsque la porte s'ouvrit, j'entendis la voix de mon père : « Depuis quand tu m'ordonnes quelque chose, toi ? ». Je fus rassuré, évidemment ! Pourtant, quelle frayeur ! Personne ne sut jamais par quels sentiments j'étais passé entre le moment de mon réveil en sursaut et l'entrée de mon père dans ma chambre. Je sortis de ma couette et lui souris : « J'ai cru à un cambrioleur, papa ! C'est tout ! » Il avait beaucoup d'humour et cette histoire, il la raconte encore de bon cœur. Moi, en attendant, j'avais eu la peur de ma vie et, je l'avoue, j'étais un peu vexé car, finalement, il ne s'était rien passé d'extraordinaire, encore moins d'ésotérique... il n'y avait jamais rien eu à résoudre, aucune intrigue, aucun exploit héroïque. Juste un père qui rentre à la maison en pleine nuit et un fils qui regarde peut-être un peu trop de films !

     

     


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