• Je frôle le découragementCe matin, correction de rédactions de 6e... Si l'on excepte les terminaisons des verbes qui sont réduites à -er, ou -é, dans de très nombreuses copies (bien plus que les années précédentes) des phrases du style : "Les parent alla ouvrire la porte et la petite fille embrassairent sait parent et il mangea tout le repas que la mère a préparer." Sur une copie, on se dit que c'est un dylexico-orthographico-grammairio-francophobe... et que c'est un cas isolé... Et puis, on lit une, deux, trois, quatre... et finalement c'est 8 élèves qui ne font pas la différence entre le singulier et le pluriel...

    J'en parle en salle des profs et là un collègue me dit "Oh c'est des sixièmes, ils ont bien le temps d'arranger ça !"... Ok, mais alors, encore une fois qu'on arrête de dire que le niveau monte parce que là, c'est pire que l'an dernier qui était pire que l'année d'avant... J'ai de plus en plus de mal à corriger les rédactions et j'appréhende à l'idée de devoir mettre une note qui tiendra compte des idées vu que je ne les comprends plus, les idées... si tant est qu'il y en ait dans certaines copies...

    Mais, ça vient d'où ? Et quand ça va s'arrêter d'empirer ??? La tâche me paraît titanesque... Quand on revoit un point d'orthographe, on s'aperçoit qu'ils ne maîtrisent pas non plus tel point de grammaire et on n'arrive pas à leur faire entrer la moindre notion, parce qu'ils ont l'impression de savoir (les règles, ils les ont entendues et les connaissent) et donc, ils n'écoutent pas, ne se concentrent pas, ne retiennent pas et on brasse du vent, sans cesse... Et la fois d'après, ils écrivent encore les mêmes conneries... sans même comprendre que ça ne se dit pas, que ça ne s'écrit pas et qu'on ne les comprend plus !

    J'aimerais bien trouver LA recette qui permettrait de revenir à quelque chose de moins catastrophique, lorsqu'il n'y avait que 2,3 ou 5 élèves dyslexiques et que les autres, tant bien que mal, écrivaient des trucs cohérents où on ne dépassait pas la dizaine de fautes par ligne...


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  • 40 ans d'évolutionPour ce soir, un dessin de l'excellent Jack (que je remercie pour tous ses dessins ainsi que pour m'avoir autorisée à publier celui-ci sur mon blog) pour illustrer l'évolution des mentalités face à l'école en 40 ans...

    Il y a 40 ans, on était sage et gentil à l'école et on avait intérêt à l'être. Et ceux qui ne l'étaient pas étaient punis, la maîtresse félicitée et remerciée par les parents, en général et la punition doublée à la maison... Bon pas partout, sans doute mais globalement quand même. Ceux qui se foutaient du prof et qui avaient des parents qui les défendaient envers et contre tous étaient minoritaires. Maintenant, c'est exactement la proportion inverse : le gamin est puni, la maîtresse (ou le prof) est insultée, frappée ou, au mieux, convoquée par la direction et le gamin, à la maison, a le droit au nouvel Ipad parce qu'il le vaut bien et qu'il faut essayer de réparer les monstrueux dégâts psychologiques causés par la non moins monstrueuse enseignante, saleté de fonctionnaire tortionnaire qui mérite d'être humiliée et châtiée de sa témérité (et si certains en viennent un jour à la zigouiller, c'est qu'elle l'aura bien cherché !)...

    Alors, oui, il y a eu des abus et des injustices mais ne nous ont-ils pas préparés à la vraie vie, celle où il n'y a pas toujours papa et maman pour défendre monchérimonamour de tous les vilains méchants qui pourraient l'attaquer ?

    On lit régulièrement que les povs tits n'enfants sont traumatisés par l'école, stressante et tout le toutim... et c'est vrai que l'école est stressante mais pas à cause des profs (c'est plutôt eux les stressés d'ailleurs) mais plutôt à cause de tous les monchérimonamour qui ont aussi tendance à être des sales gosses entre eux et à se pourrir la vie entre eux... à cause d'histoires débiles où l'objectif sera d'humilier le plus faible... Et là, les parents nous appellent au secours en disant :"Ah ! Il va falloir mettre une punition exemplaire à cet élève parce qu'il a traumatisé mon fils."... On s'en sort pas... Si on punit, on est des monstres de cruauté et d'injustice, si on ne punit pas, on est des monstres de négligence et de m'en foutisme...

    Bref, je sais que c'est has been et ringard, voire réac' de dire que c'était mieux avant mais... ouais, c'était mieux avant...


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  • Et de 15 !!! Bon, voilà, c'est reparti... C'était ma 15e rentrée en tant que prof. Si je comptais en plus celles que j'ai faites en tant qu'élève ou étudiante, ça ferait beaucoup... trop ! Mais quand même 15 ans... c'est pas mal. Ça a passé à une vitesse folle et j'ai encore l'impression que c'était hier mon premier jour... tremblante à l'idée de ne pas être à la hauteur (et je ne l'ai pas été d'ailleurs mais bon, qui l'est dès sa première année ?)

    Ma 2e année fut encore pire que la 1ère et deux décisions me sont restées :

    - Ne plus jamais me mettre dans un tel état à cause de petites biiiiip (mot auto-censuré, peut choquer les âmes sensibles) de 14 ans qui se sentent invulnérables parce que maman et papa les prennent pour des anges.

    - Faire, dans ma matière, ce dont j'avais envie quand j'en avais envie quitte à ne pas toujours être très orthodoxe.

    Depuis, ça a été plutôt sympa... à une ou deux exceptions près, pas seulement dues aux élèves parce qu'un prof a sa vie et ses emmerdes aussi et, quoiqu'on dise, même si on est adultes, on a du mal à laisser tout à la porte du collège. Bref...

    Donc, hier pour la 15e fois, j'ai fait la connaissance de mes élèves tout neufs (pas tous encore, demain la suite !) et, chaque année, je constate avec ravissement que c'est comme le vélo : ça ne s'oublie pas ! Les réflexes reviennent très vite et après quelques minutes, hop, c'est reparti pour un tour !

    Et puis, heureusement, les élèves ne changent pas : ils confondent toujours un cahier et un livre, alors, tout va bien ! (dans quelques mois, ça va m'énerver, je le sens... mais là, je reste zen !)


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  • Tous les ans, un truc m'étonne... Enfin, oui et non... C'est lors des réunions de parents, en début d'année, le jour où tout le monde vient pour, officiellement, écouter les préconisations diverses et variées des professeurs et surtout pour voir la tronche des tortionnaires qui vont avoir la charge de leurs précieux petits trésors pendant un an... On n'est pas dupes.En attendant, on le fait sérieusement et les parents nous écoutent et même parfois prennent des notes tout aussi sérieusement.

     

    Donc, après une petite réunion d'informations avec le principal, les parents viennent retrouver les profs dans les salles de classe prévues à cet effet. Et là, lorsqu'on prend la peine de demander qui est qui afin d'avoir une idée des parents qui sont présents, chaque année, on a la maman d'untel qui s'installe à l'opposé, le plus loin possible,  du papa du même untel. C'est marrant... Ils ont eu un enfant ensemble, ils viennent à une réunion pour ce même enfant mais comme ils ont divorcé, ils mettent le maximum de distance entre eux... Bon, j'imagine que c'est pour les cas où Maman d'Untel ne supporte plus du tout son ex mari ou vice versa mais ça fait bizarre. Et, en même temps, ça donne une idée de l'ambiance dans laquelle évolue le gamin si ses parents sont même incapables de de regarder ou de s'asseoir l'un près de l'autre pendant une petite heure...


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  • Bon, on y est. C'est désormais entré dans les moeurs : "Tout le monde fait des fautes d'orthographe"... et même pire : "C'est impossible de ne pas en faire." C'est une élève de 6e fraîchement arrivée au collège qui m'a dit ça lorsque j'ai demandé si, selon eux, il y avait des fautes dans le dictionnaire. Réponse affirmative de 20 élèves sur 26 ! Bien sûr qu'il y a des fautes dans le dictionnaire, madame ! Ben déjà y'a les fautes de frappe... Après, si celui qui fait le dictionnaire il sait pas comment on écrit un mot, ben, il va mal l'écrire donc, y'aura une faute ! Et puis, de toute façon, c'est impossible de ne pas faire de faute.

     

    "Donc, selon vous, tout le monde fait des fautes d'orthographe ?"... Réponse générale convaincue : "Ben oui, hein"... Quand j'étais à l'école, je me disais que j'aimerais bien, un jour, faire partie de ceux, les plus nombreux, qui ne faisaient pas de faute parce que je trouvais que c'était mieux de savoir écrire bien... Et puis, ceux qui en faisaient plein n'étaient pas fiers non plus... Parfois, au bout d'un certain temps, ils se résignaient à être nuls en orthographe mais, ils ne pensaient pas être la "norme", bien au contraire !

     

    Avant,  l'un des arguments qu'on pouvait avancer pour "motiver" nos chères têtes blondes, brunes ou rousses c'était que la plupart des gens ne font pas de faute et que donc c'est important de progresser en orthographe pour le moment où il faudra trouver du travail, par exemple. Mais, ils ont trouvé la parade : pourquoi progresser puisque, de toute façon, tout le monde fait des fautes, et c'est impossible de ne pas en faire. Ça résout tout... ça déculpabilise de tout...

     

    Les hautes sphères voulaient qu'on arrête de mettre la honte aux pauvres petits qui ne réussissaient pas en dictée, qu'il fallait éliminer le crayon rouge et ne plus indiquer les fautes lorsqu'elles étaient trop nombreuses pour ne pas "traumatiser", eh bien, c'est réussi : plus aucun scrupule à écrire n'importe comment, juste l'idée farouchement accrochée que c'est normal, que c'est comme ça et qu'on n'y peut rien... Mission accomplie ! La langue française va mourir, tranquillement mais sûrement...


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