• Dans la série "les élèves" sont parfois désarmants : une gentille petite 6e, bonne élève dans l'ensemble-sérieuse donc pas du genre à dire des trucs débiles juste histoire d'embêter le prof- me pose une question que je n'ai pas comprise tout de suite, je dois l'avouer !

    On travaillait sur la conjugaison du présent de l'indicatif et sur les exceptions en particulier. On venait de dire que les verbes qui se terminent pas -eler s'écrivent -elle à certaines personnes. Alors qu'elle était en train de faire soigneusement son exercice, la petite demoiselle me demande de venir auprès d'elle et me demande comment on fait au masculin pour le verbe "appeler". Euuuuuhhh comment ça au masculin ? Elle m'explique (patiemment, du style "la pov' prof qu'a pas tout capté à ses cours de conjugaison...) : "ben on met -LLE pour le féminin donc, au masculin on met -EL mais là, on dit qu'il faut mettre -LLE donc, c'est que c'est une fille qui dit je m'appelle."

    Que répondre ? Je lui explique que pour la conjugaison du verbe, on se moque un peu de savoir si c'est un garçon ou une fille qui parle... sauf que là, je pense à l'une des prochaines leçons sur le passé composé où il faudra, parfois, tenir compte du genre du sujet... gloups. "Euuuh, pour "je m'appelle" ça n'a pas d'importance que ce soit un garçon ou une fille". Petite demoiselle prend un air à demi-convaincu et me dit "Oui mais au plus-que-parfait, on mettra au féminin ?"... "euhhhh... oui, mais pas -LLE... on mettra -Elée éventuellement...". Conclusion de la miss :"Ah oui, alors ici, même un garçon c'est -LLE."

    Je me demande vraiment par quelle logique on peut arriver à de telles réflexions. Comment comprendre et surtout expliquer ?

    Les enfants d'aujourd'hui ont tellement peu de notions de grammaire qu'ils ne font pas la différence entre un nom (un appel), un verbe (appeler) et un participe (appelé) et, forcément, ils essaient de raccrocher des trucs valables pour les uns aux autres. Quelquefois ça colle, quelquefois pas (souvent pas... le hasard fait assez mal les choses en matière de grammaire). C'est ainsi qu'on arrive à des phrases du style "les élèvent se ranges dans les couloirent "... On a l'impression d'une loterie : un coup S, un coup ENT parce qu'il y a du pluriel là-dedans.

    Je dois admettre que dans des cas comme celui-là, je me sens très démunie. D'une part parce que ce sont des questions que ne me seraient jamais venues à l'esprit ni avant ni maintenant et d'autre part parce qu je m'aperçois qu'il faudrait reprendre une à une chaque notion, et la faire apprendre vraiment, correctement de façon à ce qu'elle soit comprise, tout simplement et pas juste posée là, tant bien que mal. 

    Sauf que ces enfants ont vu tout ça en primaire. Ils ont tout mélangé, certes, mais ils ont vu. Ils savent qu'au pluriel on accorde mais ils savent que dans certains cas c'est un -S donc, hop, on met un S au verbe au pluriel (le Tu, par contre, il peut se brosser pour en avoir un... ah ben oui, TU c'est marqué "2e personne du singulier !!! Donc, jamais de S au singulier ! Enfin, vous ne savez pas ça ?) et les cas où c'est -ENT, eh bien, on le met aux adjectifs ou aux noms puisqu'on n'a pas trop compris la notion de verbe. Donc, au collège, quand on revoit les conjugaisons, les natures des mots et leur fonction , ils ont l'impression de savoir déjà. Et c'est vrai qu'ils ont des connaissances sauf qu'elles ne sont pas maîtrisées ! Ce sont des mots qui se promènent dans leur tête, associés à des règles mais lesquelles ? C'est un peu comme un ordinateur qui ouvrirait internet quand on clique sur un traitement de texte ou un jeu quand on veut aller sur le net. Bref, qui ferait n'importe quoi. Les commandes seraient là mais complètement mélangées. Seule solution pour l'ordinateur : formater.

    Solution pour un enfant ?


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  • C'est la 2e fois cette année que je croise un élève loin du collège et c'est la 2e fois que l'élève me fait la bise. Rigolo ça. Le premier, bon, c'était le bébé de la classe... j'ai eu un peu cette impression que pour lui, j'étais comme l'instit avant... Ceci dit, comme j'avais passé l'année à lui crier dessus, j'ai été super surprise.

    Mais cet aprèm, c'était le p'tit caïd de ma classe, qui a failli se faire renvoyer je ne sais combien de fois et qui est passé entre les gouttes. Celui que j'ai mis dehors deux fois et sur qui j'ai pas mal crié aussi... Paf, je le croise dans mon ancien quartier, donc, très loin de chez lui. Et hop, pareil, bisou. Je suppose que c'est comme ça maintenant ! Ma mère m'a dit : "Oh ben, ça veut dire qu'ils t'aiment bien sûrement parce que sinon, ils te diraient à peine bonjour !"... On va dire ça ! 


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  • Les résultats du brevet sont tombés. Je suis contente de voir que deux ou trois élèves méritants l'ont finalement eu... même si je suis bien consciente de la réelle valeur de ce mini-examen. Pour ces élèves-là, les sympa méritants, c'est important quand même. Dans ma classe de 3e, presque tous les élèves l'ont obtenu. La plupart avec une mention. Et d'ailleurs, la miss dont la mère m'a pris la tête pendant plus d'une heure parce qu'à cause de moi sa fille, qui visait la mention TB depuis la 6e aurait, au mieux une mention AB, a finalement eu - je vous l'donne en mille - une mention TB. Comme quoi, mes notes injustes et inadmissibles n'ont pas pesé si lourd sur son brevet. Pas plus qu'elles ne pèseront sur sa vie comme je le lui avais rappelé... 

    Cette dame semblait découvrir un concept qui, pourtant, est très utile, sinon essentiel ! Elle m'expliquait que sa fille chérie désirait devenir journaliste, qu'elle écrivait des nouvelles et que moi, j'avais osé lui mettre deux notes en dessous de la moyenne. Elle me rappelait que je devais valoriser les bons élèves comme sa fille, ne pas les décourager parce que là, par ma très grande faute, la demoiselle doutait de son avenir, de ses capacités, bref de son talent dont elle n'avait, semble-t-il, jamais douté avant. La mère, avec un sourire digne des dents de la mer, m'expliquait comment faire mon job... et à un moment, je lui ai demandé si dans 10 ans, lorsque sa fille serait devenue journaliste, elle se souviendrait encore de ce 7/15 que j'avais osé lui mettre en avril 2015. Silence interloqué. Touché. La mère me répond finalement :"Oui mais à 14 ans, on n'a pas ce recul-là.... et même en tant qu'adulte non plus !". Eh ben oui madame, c'est bien le problème ! Si toi tu n'as pas le recul pour expliquer à ta fille que ce n'est pas grave, si toi tu viens faire chier le prof juste pour une note et que tu as du temps à perdre juste pour une note, forcément, ta gamine, elle ne comprendra jamais qu'une note n'est qu'une note et qu'il y a des choses bien plus importantes dans la vie !

    Alors, vous me direz que je n'avais peut-être pas ce recul moi-même à 14 ans.  Et je vous répondrai que je n'étais certainement pas capable de le formuler comme ça mais que j'avais conscience qu'il y avait des choses plus graves qu'une note. Je ne dis pas que je m'en fichais de mes notes, bien au contraire... mais, une mauvaise note de temps en temps faisait partie du jeu. Je savais que ça pouvait arriver et ça m'arrivait, évidemment. J'avais d'autres soucis à gérer et mes notes étaient importantes pour garder la tête hors de l'eau... Pourtant, je n'aurais pas pété un scandale pour une mauvaise note. Et puis surtout ma mère n'aurait pas été voir un prof pour une mauvaise note ou deux. Et puis, elle ne serait pas arrivée en disant :"Ma fille veut devenir écrivain et  à cause de la sale note que vous lui avez mise en rédaction, elle doute, elle ne sait plus où elle en est et elle se voit désormais comme une nullité qui ne fera jamais rien de sa vie !". Non. Ma mère m'aurait dit, avec toute sa sagesse : "Tu feras mieux la prochaine fois."...

    Je crois que j'ai hérité de cette sagesse et c'est un don précieux ! 


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  • Dans la série "le niveau ne cesse de monter", ce matin, le meilleur élève d'une de mes classes lance 'Mais non : C'est les chevals qui font ça !". Gloups... J'ai bien entendu. Il a 12 ans, 17 de moyenne générale et il parle de "chevals"... Je fais mes yeux noirs et je lui dis "Pardon ? J'ai du mal entendre là !". Il répète "C'est les chevals qui hennissent."... Yeux noirs plus noirs, ton plus menaçant : "Les quoi ???". En général, à ce moment de la conversation, les autres, même les pires cancres s'aperçoivent de leur erreur et la corrigent. Enfin, avant. Parce que maintenant : "Ben... les chevals ils hennissent."... Ok. Comment rester calme ? Je n'ai pas pu. Je lui ai dit que moi, même à 4 ans, si j'avais dit ça, ma mère m'aurait fait la morale et m'aurait dit qu'elle avait honte d'entendre sa fille parler comme ça, aussi mal. Evidemment, une autre élève (qui n'avait pas repéré l'erreur de son camarade) me dit "Ah ben c'est sûr si vot' mère elle est prof de français, elle sait des trucs."... Oh putain... Donc, dorénavant, seuls les profs de français sont aptes à parler et écrire correctement... On est mal, moi j'vous l'dis, on est très mal. 

    Et, le pire, c'est que ce gamin, tout excellentissime qu'il est aux yeux de mes collègues, il refera cette énorme faute de français parce qu'il n'aura même pas retenu quoique ce soit de mes yeux noirs d'aujourd'hui et puis, de toute façon, c'est pas grave, on comprend bien... 


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  • philorthographe

    J'ai trouvé une idée pour les prochains cours interdisciplinaires géniaux qu'on devra mettre en place : l'orthophilosophie appliquée à FB, ou l'orthographe au service des super pages philosophiques qu'on trouve à foison sur ce merveilleux réseau sociaux, euh social... j'en perds mon "parler françois". Ainsi, on intégrera la philo au collège. C'est important et puis, les élèves ont le niveau. On conserve une petite pincée d'orthographe, à peine nécessaire si l'on s'en réfère au document ci-dessus, et on mixe le tout avec un truc numérique (donc cool). 

    C'est bien non ?


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