• Contrôle en 6e. Tout le monde écrit sagement. Et à la fin, je dis "Vérifiez bien l'orthographe, hein."... Et là, j'en entends deux qui se mettent à glousser : "Hi, hi, hi... ben y'avait plein de fautes dans les questions du contrôle...hi, hi, hi". Bon, j'avais repéré une faute de frappe que je leur avais signalée... mais on ne sait jamais. Alors, je demande aux deux glousseurs où étaient mes fautes siiiiii nombreuses... "ben par exemple, là, vous avez marqué les parents ont agi et vous avez pas mis de S à agi... hi hi hi, hi,hi hi."

    Là, deux solutions : j'explique ou j'explose... et puis, non, je me moque finalement : "Hi, hi hi (moi aussi je sais le faire), l'auxiliaire c'est avoir et il n'y a pas de COD donc pas de S, nananère."

    Je n'ai pas entendu les autres prétendues fautes qui les avaient apparemment choqués... on se demande pourquoi.

    Et dire qu'il y a une semaine qu'on a fait un contrôle sur le passé composé après l'avoir travaillé en long en large et en travers pendant trois semaines... démoralisant !


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  • dessin de Jack médecine du travailComme vous le savez peut-être, dans l'Education Nationale, nous n'avons pas de médecine du travail. Les mauvaises langues diront que c'est normal puisque pour cela il faudrait déjà qu'on travaille comme l'illustre fort bien le dessin de Jack ci-contre... En arrivant dans le merveilleux monde des professeurs, j'ai passé une visite médicale expresse durant laquelle le toubib n'a pas vu (ou entendu plutôt) que j'étais asthmatique alors que d'autres depuis, à qui je ne l'avais pas dit, l'ont tout de suite repéré, bref...

    Récemment suite à quelques soucis qui mettent du temps à s'arranger, sur les conseils de mon chef d'établissement, j'ai pris rendez-vous avec un médecin qui travaille pour le rectorat. Mais, ça n'a pas été sans mal : quand je tapais sur internet "médecine prof, éducation nationale", je tombais sur des médecins pour les élèves (qui eux sont vraiment malades ou travaillent vraiment, ou les deux) mais, pas moyen de mettre la main sur celui pour les enseignants. A un moment, dans les recoins du site officiel, il m'a semblé voir un truc mais pas moyen d'être vraiment sûre que c'était ça vraiment. Alors, j'ai demandé à la secrétaire de mon établissement qui, justement, venait d'être convoquée la veille par ce fameux médecin donc, elle m'a donné un numéro de téléphone et hop, me vlà partie pour un rendez-vous... et c'était cet aprèm... 

    J'arrive, personne... mais personne de chez personne, hein... le silence complet, limite inquiétant. Et soudain, une dame qui me dit qu'elle était le médecin et qu'elle allait me recevoir. Déjà je préparais ma p'tite phrase d'introduction pour expliquer les raisons de ma venue... et une fois dans son bureau/cabinet, elle me dit "Alors, comment m'avez-vous trouvée ?". Hum... si ça, ça ne veut pas dire qu'obtenir un rendez-vous avec elle tient presque du miracle...


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  • Quand il m'arrive de traîner sur des pages FB de jeunes, d'ados, je lis des phrases qui se veulent très sérieuses, voire philosophiques et qui même parfois le sont... des phrases d'amour déçues ou d'amours éternelles et j'ai du mal à penser que ce sont les mêmes ados que j'ai en cours et qui semblent totalement hermétiques à la moindre once de profondeur, de poésie ou de philosophie. Qu'ils lisent une recette de cuisine ou un poème de Baudelaire, c'est pareil... pas plus d'émotion pour eux... et pourtant, sur leurs pagaes FB auxquelles ils tiennent tant, on en trouve, quelquefois, de l'émotion...

    Alors, de deux choses l'une : soit ils ne comprennent rien à ces phrases mais les copient parce que leurs meilleurs amis l'ont fait, soit, en cours, parce que c'est scolaire, ils se ferment à tout ce qui est dit. Le peu d'optimisme qui me reste me ferait pencher pour la 2e explication. Les ados sont tellement butés contre l'école que, quoiqu'on fasse, ils n'y verront jamais rien d'autre que l'école. Peut-être pas tous. Ne généralisons pas non plus... Mais, ça fait réfléchir sur le côté "ludique" que les grandes personnes qui réfléchissent au sein de l'Education Nationale voudraient nous imposer : l'enseignement dans la joie, dans le jeu, sans contrainte (ou en tout cas pas des contraintes trop contraignantes). Une sorte de "cours" discuté où les élèves s'expriment, donnent leurs sentiments, de façon informelle et naturelle... C'est joli comme théorie. Mais, c'est sans compter sur cette "hostilité" vis à vis du cours, du scolaire ou du prof (parce que, peut-être que ça fonctionne très bien avec certains profs aussi, c'est possible).

    L'autre jour, j'ai demandé à mes élèves d'écrire des phrases qui leur semblaient belles, poétiques... et j'ai obtenu très peu de choses, surtout dans une classe... rien ne leur semblait poétique, rien ne leur semblait beau... ils ne connaissaient pas de chanson, ils n'avaient pas de phrases en tête, rien, le néant. Pourtant, je suis sûre que parmi ces élèves, certains en connaissent des phrases et qu'ils auraient été capable d'une certaine profondeur... mais, on était dans le cadre de la classe, avec les autres élèves, avec la prof qui, bizarrement proposait un truc pas noté, pas cadré, pas scolaire ! Et, ils n'aiment pas ça. Moi, je ne parlais plus. Ils pouvaient s'exprimer librement (ou presque) mais non. Justement. Ce n'est pas ce qu'ils attendent d'un cours...

    On dit que les profs sont trop attachés à certaines manières ancestrales en matière de cours mais, je me demande si les élèves ne le sont pas plus encore (sans parler des parents qui ne comprennent pas qu'on ne fasse pas "comme avant"). Je ne dis pas que cette façon de faire cours en laissant la libre expression aux élèves n'est pas une bonne idée en soi. Évidemment, ce serait très bien. Sauf que les grands penseurs sachant penser ont oublié quelques détails : pour avoir une réflexion, il faut savoir réfléchir et avoir un minimum de culture (et de vocabulaire) qui, contrairement à ce qu'ils croient, nos penseurs, n'est pas innée (à la naissance, le bébé n'a pas conscience de E=MC² et si on ne le lui explique jamais, ça restera pour lui un truc bizarre sans aucun sens) et pour s'exprimer il faut avoir envie de le faire or, les ados n'ont pas envie de cela, pas en classe, pas devant un prof, pas comme ça. Ils sont conscients du contexte (prof, classe, autres élèves, notes) et n'ont pas envie de faire semblant que c'est autre chose... Ah, si, en petit comité. Ça m'arrive de voir des petits groupes d'élèves (2 ou 3) se mettre à discuter et je vois bien qu'ils ne parlent pas de leur prochain week-end, je devine qu'ils parlent vraiment du texte étudié mais si je leur demande de le faire partager à toute la classe, là, ce n'est pas possible. Ils préfèrent dire qu'ils parlaient de leur futur week-end plutôt que d'admettre qu'ils réfléchissaient au texte...

    C'est très mal connaître les ados que de penser qu'ils vont se livrer comme ça, spontanément... Pourquoi certaines classes, même dès la 3e, aiment les cours magistraux (contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire à nous pauvres profs) ? C'est juste parce que ça évite de réfléchir par soi-même (pour quelques uns) et surtout de s'exprimer devant la classe au risque de passer pour l'intello de service et de subir ensuite les foudres de tout le collège. Oui, il y a une paresse naturelle chez les ados, oui il y a une inculture certaine chez quelques uns mais, je crois qu'il y a avant tout cette impossibilité psychologique de l'ado à dire les choses importantes dans un contexte qui ne s'y prête pas.

    C'est aussi sans doute pour ça qu'à les entendre, en classe, ils n'ont ni souvenir, ni avenir. Juste un présent. Et encore. Un présent passif. Ils sont là et on doit s'en contenter. L'école n'est pas un lieu pour exister vraiment. C'est un lieu subi pour beaucoup qui n'a d'intérêt que parce qu'il y a les histoires des copains aux récrés. Des histoires qu'on a envie de rendre plus importantes qu'elles ne le sont parce qu'il faut bien ça pour se sentir vivant. Mais en cours, ils veulent du cours puisqu'il faut bien le supporter... et qu'on n'essaie pas trop d'aller les chercher vraiment, chercher qui ils sont... Le cadre est clair et ne doit pas changer (et ce ne sont pas les profs qui y tiennent tant que ça) : l'élève écoute (plus ou moins) le maître alors, le maître doit respecter ces rôles, dans la mesure du possible.

    Peut-être simplement les ados n'ont-ils vraiment plus rien dans le crâne à part quelques bêtises et de vagues sensations copiées de la télé-réalité ou du net... et c'est ce qui expliquerait qu'ils n'aient jamais rien à dire, qu'ils ne ressentent jamais rien face à un texte mais tellement de choses face à un pain au chocolat... Mais, je ne veux pas y croire. J'espère que mon autre théorie est plus proche de la vérité parce que sinon, c'est bien triste.


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  • Vous le savez, sous mes airs de méchante prof cruelle se cache un coeur en chamallow qui raffole des petites anecdotes mignonnes au sujet de ses élèves. Oui, j'admets que j'aime aussi les anecdotes où je peux me moquer, personne n'est parfait ! Non mais là, c'est mimi comme tout, vous allez voir !

    Ce matin, je voulais que mes élèves de 6e trouvent le mot "blasé" à propos de quelqu'un qui ne s'étonne plus de rien, ne s'émeut plus de rien tout ça, tout ça... Bien sûr, ils commençaient à me dire un peu tout et n'importe quoi donc, je décide de les guider (pas bien, pas bien dirait l'inspecteur... mais bon, je n'allais pas passer 3 semaines là dessus non plus, hein...). Donc, je leur dis que beaucoup d'adolescents le sont, qu'ils ne se laissent plus surprendre par rien parce qu'ils sont... ça commence par un B. Et là, Hector lance "Bêtes !!!". Je rétorque que, bien sûr ce n'est pas le mot que nous cherchons (quoique...) et là, Maurice s'écrie (avec humour parce qu'il en a beaucoup) :" Eh, Hector, t'insulte pas mon frère, toi, hein !". Son frère est en 4e. Ça m'a fait rire parce que, finalement, en 6e, certains ne se considèrent pas encore comme des ados... Je n'ai pas posé la question mais, connaissant mon Maurice (qui ne pousse jamais le bouchon trop loin), je sais qu'il m'aurait répondu que lui était un enfant, pas encore un ado !


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  • Hier matin, leçon sur l'impératif. Je fais un tour de ma classe et jette un oeil sur les travaux de mes élèves de 6e et je vois des choses du style "Eté à l'heure", "Faisez attention", "prendez vos précautions", "disez votre leçon"... et autres fantaisies du genre.

    Je stoppe tout le monde. Silence religieux. Et je leur pose la question suivante :"Pensez-vous qu'on puisse écrire quelque chose qui ne se dit pas à l'oral ?". Réponse -presque- collective : "Noooonnnn !!!!". Et là, Scarlett, la meilleure de la classe, considérée comme excellente depuis l'école primaire intervient et dit :"Ben si... par exemple, là, en vrai, en parlant, on dirait faites attention et pourtant on écrit faisez attention, donc, des fois on n'écrit pas comme on dit."... Gloups...


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